Voici un extrait d’une lettre trouvée parmi des papiers de famille. Elle est datée du dimanche 8 juillet 1888.

Photographie de la lettre manuscrite

[…]
Ma belle-soeur et sa petite fille resteront jusqu’au 15 très probablement. Si elles sont ici le 14, j’irai voir de chez elles le feu d’artifice qui sera tiré sur la seconde plateforme de la tour Eiffel, la grande attraction de la future exposition.
Son achèvement rencontre et rencontrera des difficultés de toute nature. Déjà, à cause du vertige et de l’oscillation qui existe, les ouvriers refusent de la continuer à moins d’une augmentation énorme de salaire (on dit 50 F par jour).
Si ce conflit s’arrange et que la tour, continuant sa marche ascendante, lance vers le ciel son énorme masse métallique, il en résultera – dit-on – que cette agglomération énorme de fils métalliques de fer s’élevant dans l’atmosphère attirera irrésistiblement l’électricité et on aura, par les temps d’orage, des phénomènes mortels à craindre – sans que des paratonnerres puissent rien protéger !
Songez que le sommet de la tour oscillera de 0.80 c ! Cet inconvénient, le vertige et la foudre, valent bien 50 F par jour.
L’oscillation est déjà tellement sensible qu’au déjeuner de la presse, offert mercredi dernier, par Mr Eiffel, à la première plateforme de sa tour, sur 67 journalistes invités, 8 seulement ont osé monter à la seconde plateforme. Je vous transmets ces renseignements un peu longuement peut-être parce que hier soir ils m’ont vivement intéressés.
Redescendons sur terre pour vous dire que […]

Rassurons-nous, je crois que la Tour Eiffel n’a jamais électrocuté ni ses ouvriers, ni les touristes la visitant par temps d’orage !
(Je pense que « 0.80 c » est une erreur à prendre pour « 0.80 m » soit 80 cm !)