Il ne suffit pas de deux documents pour faire d’un homme un poète. Peut-être. Alors tout du moins lui prêter l’âme d’un poète ?

Je trouvais il y a un peu plus de deux ans, dans un ouvrage de Martial Piéchaud (Le Retour dans la Nuit, 1914, Grasset), une dédicace qu’il adressait à son frère Pierre, mon arrière-grand-père, disant ceci :

Dédicace de Martial Piéchaud à Pierre Piéchaud

À mon frère Pierre,
poète, marin, médecin,
je fais l’hommage,
du plus profond de mon coeur
de ce livre de nostalgie
et de souffrance.

Martial.

12 juin 1914.

Né en 1886, Pierre Piéchaud fut docteur en médecine. Il officia dans la marine militaire ainsi qu’à l’école de Santé Navale de Bordeaux, sa ville natale. En faisant quelques recherches sur Google, j’étais tombé sur la fiche d’un livre d’occasion vendu sur Chapitre.com : il s’agissait du recueil de l‘Académie des Jeux Floraux de l’année 1904 (consulter sur Gallica).
Le sommaire était noté sur cette fiche, où l’on pouvait lire le nom de Pierre Piéchaud. J’avais plutôt l’habitude de trouver des références à Martial ou Louis Piéchaud sur les sites de bibliophiles, tous deux étant écrivains et journalistes.

Le site Gallica de la BNF [1] avait prévu de mettre en ligne tous les volumes des recueils de l’Académie des Jeux Floraux, mais il me fallut attendre quelques mois avant que le volume qui m’intéressait soit publié sur le site [2]. La page 81 reproduit bien un sonnet écrit par un Pierre Piéchaud, de Bordeaux. J’ai donc à peu près toute certitude qu’il s’agit de mon arrière-grand-père : il n’y avait pas d’autre Pierre chez les Piéchaud de Bordeaux.

Voici donc, en exclusivité sur ce blog, un poème de mon arrière-grand-père Pierre Piéchaud, intitulé Le Cloître :

LE CLOÎTRE

Sonnet

Présenté au concours

Par M. Pierre PIÉCHAUD, à Bordeaux

Le vieux cloître est caché maintenant sous le lierre ;
L’herbe grimpe le long des graciles piliers,
Et le temps a rendu rugueux les murs de pierre
Qui voyaient autrefois passer les Cordeliers.

Et parmi les senteurs et la grise lumière,
Sur ces blocs où les jours ont passé par milliers,
Comme un parfum d’encens après une prière
Flotte le souvenir des siècles oubliés.

Mais, le soir, le passé revit. Parmi la brise
On entend un bruit très lointain de chants d’église
Qui prolonge l’écho des psaumes d’autrefois ;

Et sous la frondaison verte qui les protège,
On voit, sur le fond, blanc de lune, des murs froids,
Silencieusement glisser un lent cortège.

(lire le poème sur Gallica)

Une fois de plus, un document que je n’aurai jamais trouvé sans l’aide du web :)

Notes

[1] À l’époque il s’agissait encore de l’ancienne version, sans recherche plein-texte possible.

[2] Note : il m’a d’ailleurs également fallu plusieurs mois (genre environ 18) pour que je vous en parle ici, c’est dire si je gère encore moins bien mes délais que Gallica :-)